La section « Les femmes sourdes du Togo » de l’Association des Sourds du Togo (AST) a organisé les 5 et 6 Mars 2021, deux journées de formation et de sensibilisation sur les droits des femmes handicapées. Cette séance d’activité ayant touché plus d’une vingtaine de participantes sourdes s’inscrit dans le cadre des recommandations de l’atelier de partenariat tenu en janvier 2017 à Ouagadougou, au Burkina Faso.
L’animation de la séance a été faite par la cheffe du volet « Femmes handicapées » de la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées (FETAPH) et de la représentante de l’Association Groupe de réflexion Femme Démocratie et Développement (GF2D). L’objectif était de faire un rappel des notions de base relatives aux droits humains en général et aux droits des personnes en situation de handicap en particulier et de permettre aux participantes de s’approprier le contenu de la législation internationale et nationale en matière des droits de la femme en situation de handicap (la femme sourde). Elles sont facilitées dans leur tâche par un interprète en langue des signes.
Afin de permettre une meilleure compréhension des instruments juridiques en matière des droits de l’homme par les participantes, l’approche participative a été la méthode utilisée. La présentation des instruments juridiques qui sont le soubassement des droits de l’homme et les droits des personnes en situation d’handicap a permis aux participantes de comprendre l’origine des droits humains et le bien fondé de ceux-ci.
Le premier jour de l’activité a porté sur la législation internationale et nationale en matière juridique et institutionnelle des droits de la femme en particulier et celle en situation de handicap et le deuxième jour sur les thématiques des droits telles que le mariage( les conditions de forme et de fond, les prohibitions et les conséquences du mariage) les régimes matrimoniaux (les types de régimes matrimoniaux au Togo, leurs avantage et inconvénients), le divorce (les types de divorce et ses conséquences), la succession( coutumière, testamentaire et légale) qui constituent les obstacles à l’épanouissement des femmes, a renforcé les connaissances des participantes relativement aux outils de protection des droits de l’homme en général et ceux des femmes en particulier. La présentation du contenu de la Convention Relative aux Droits des Personnes Handicapées (CRDPH) a permis aux participantes de comprendre la mondialisation de leurs droits et les types de droits qui leur sont spécifiques.
Le partage d’expérience qui a été très présent au cours de cette séance leur a permis de prendre conscience du degré de leur vulnérabilité et de renforcer leur mental pour affronter les obstacles et relever les défis en termes de double vulnérabilité (discrimination par rapport au sexe et vulnérabilité par rapport au handicap). Les participantes ont démontré l’intérêt qu’elles portent pour leur bien être juridique. Les difficultés que les participantes ont rencontrées sont les violations faites sur certaines d’entre elles fondées sur les raisons qui ne pouvaient être partagées ni devant les participantes ni au su des hommes présents dans la salle. Ce sont des choses qui pouvaient être considérées comme intimes, secrètes voire personnelles. Même l’interprète en langue des signes qui est un homme ne ferait toujours pas l’affaire en cas de besoin d’être écoutée, de s’exprimer sur leurs propres histoires. Les femmes peuvent pour cela prendre du recul et continuer de subir des violations. C’est autant des difficultés mais l’Association des Sourds du Togo retiendra certaines. Une des difficultés est celle du cadre. Une femme sourde qui veut demander des conseils juridiques aura forcément ou toujours besoin d’un cadre social permanent pour l’aider à ce que ce soit clair sur ce qu’elle veut et l’accompagner dans les démarches juridiques souvent difficiles. Une autre difficulté est un service disponible d’interprètes femmes en langue des signes. C’est compréhensible qu’une femme sourde aura certainement besoin que ce soit une femme interprète en langue des signes qui l’accompagne. Une des difficultés aussi majeures, c’est l’accessibilité aux informations, aux contenus des textes juridiques, etc. en langue des signes ou du moins en langue française facile à lire.
Les défis rencontrés sont la vulnérabilité des femmes sourdes, la méconnaissance de leurs droits sur des thèmes précis tels que : l’éducation des femmes, le travail, le mariage, l’héritage, l’absence d’un cadre social pour accueillir les cas, etc.
Les deux jours de sessions de formation et de sensibilisation ont produit des impacts positifs tels que l’ouverture d’esprit, les réalités et les droits des femmes sourdes, le renforcement des capacités sur les droits des femmes. Les enseignements les plus cruciaux ont été sur la découverte de leur vulnérabilité, la compréhension de leurs problématiques de dépendance en raison de l’ignorance de leurs droits, l’accessibilité aux services en cas de violation de leurs droits.
Les participantes ont été exhortés à mettre en pratique les connaissances acquises lors de ces deux journées d’activité. Elles ont exprimé leur satisfaction quant aux thématiques développées. Car elles disposent dorénavant des armes juridiques qui devront les aider dans leurs vies futures en s’affirmant mieux.
Il faut noter qu’au vu de la situation des femmes sourdes et de leurs besoins en termes de renforcement de leurs compacités sur leurs droits, le contenu du module était adapté et apprécié par les participantes. Le contenu plus juridique a réveillé les femmes sourdes sur les situations d’injustice qu’elles ont subies. Elles ont également compris les exactions et traumatismes subis par certaines des participantes.